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«(...)
Avant, pendant, toujours, bâti à chaux et à sable,
tu écris. L'effet produit, dévastateur parfois, mélange
le vivace et la force. (...)»

Ce qui est réduit en poudre

« Du ciel, l'influence secrète »
Boileau

Tu écris avec à la main une doloire à gâcher les traversées de régions
désertiques. Et tu gâches, et tu gâches. Comme si ta vie était assujettie.
Le pulvérulent poussiéreux soulevé par le vent s'élève dans les airs
jusqu'à boucher ta vue. Ou la dégager tout à fait. Ce qui est la même
chose, bien que l'inverse.
De toute façon, tu gâches, car l'influence du chœur de la hiérarchie des
anges est puissante.

Survie envoûtée suspendue et enduite de liens.
S'enlisent tous les temps solidifiés, parfois. Aussi les bafouillages
d'étoiles trompées, les promenades contre l'ombre, les tombées à genoux qui
allongent les racines, les clartés sur coupes froides, et les picorées de
cahots.

Avant, pendant, toujours, bâti à chaux et à sable, tu écris. L'effet
produit, dévastateur parfois, mélange le vivace et la force. Légèreté de
frappe.

Les peines brûlent et dévorent.
Ta vie, tout entière tendue vers l'instant opposé.

Moi, avant, je laïussais sans fin, t'usant, c'est ainsi. Maintenant plus
j'écris, moins je parle. Mais je souris davantage. L'imagination, comme une
jolie couleur, danse sur les mots qui t'écrivent. Et je gâche, gâche, gâche...

© Marie Mélisou octobre 1999
http://www.ecrits-vains.com/editoriaux/marie_melisou/6.htm

 

Quatre leçons par jour après le voyage du sommeil

« Donne-moi tout ce qu'il y a pour moi dans ton cœur. »
A. de Musset

de ton regard qui me soulève
de tes grandes expressions dégagées
d'un monde nouveau dont le revers bruisse
écris-moi pour me naître
moi qui suis privée de seuils
en long voyage sommeil

du plus mince et du davantage fragile
d'un temps perdu comme je l'ai partagé
des premières fois aux petits jours
écris-moi en fleur de ta peau
moi gardienne de blessures sacrées
après la perdition des voltiges

de ces pétales qui tracent ton vol
du plaisir où tu évolues à l'aise
des tapis et de leurs rares rochers
écris-moi pour me voluter
moi le plus fou des rebuts rigides

écris-moi d'un pinceau prévenance
écris-moi en me traçant d'union
écris-moi d'une ligne douce annoncée

écris-moi en incarnat coup de foudre
à m'entrouvrir à m'apparaître
je brillerai aux approches du désir
d'une lueur feu sur papier Japon

en quatre leçons de vie par jour
et d'une insensée vapeur d'allées
en quatre leçons de vie par jour
après le voyage du sommeil
écris-moi ébauche-moi dessine-moi
à contours détachés en dentelles de pierre
aux joies à demeurer là
écris-moi
et je commencerai à exister

© Marie Mélisou mars 2000
http://www.ecrits-vains.com/editoriaux/marie_melisou/11.htm

 

Leitmotiv

Un jour
Il était huit heures et des poussières,
Poussières d'étoiles,
Je suis morte.
Pour de vrai, pour de grave.
Depuis
Plus personne ne peut
Par volonté, par méchanceté, par gratuité
Quelle que soit l'heure
Me tuer.

© Marie Mélisou
http://www.swarthmore.edu/Humanities/clicnet/litterature/moderne/melisou/leitmotiv.html

 

   
   
   
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