« Du ciel, l'influence secrète »
Boileau
Tu écris
avec à la main une doloire à gâcher les traversées
de régions
désertiques. Et tu gâches, et tu gâches. Comme si
ta vie était assujettie.
Le pulvérulent poussiéreux soulevé par le vent
s'élève dans les airs
jusqu'à boucher ta vue. Ou la dégager tout à fait.
Ce qui est la même
chose, bien que l'inverse.
De toute façon, tu gâches, car l'influence du chœur
de la hiérarchie des
anges est puissante.
Survie envoûtée
suspendue et enduite de liens.
S'enlisent tous les temps solidifiés, parfois. Aussi les bafouillages
d'étoiles trompées, les promenades contre l'ombre, les
tombées à genoux qui
allongent les racines, les clartés sur coupes froides, et les
picorées de
cahots.
Avant, pendant,
toujours, bâti à chaux et à sable, tu écris.
L'effet
produit, dévastateur parfois, mélange le vivace et la
force. Légèreté de
frappe.
Les peines brûlent
et dévorent.
Ta vie, tout entière tendue vers l'instant opposé.
Moi, avant, je laïussais
sans fin, t'usant, c'est ainsi. Maintenant plus
j'écris, moins je parle. Mais je souris davantage. L'imagination,
comme une
jolie couleur, danse sur les mots qui t'écrivent. Et je gâche,
gâche, gâche...
© Marie Mélisou
octobre 1999
http://www.ecrits-vains.com/editoriaux/marie_melisou/6.htm